La remorque "monoroue"
triomphe au Salon des gazogènes
[De notre envoyé spécial) RENNES, 24 janvier. — De retour de Bordeaux où L'Ouest-Eclair e été l'objet d'attentions si flatteuses, nous allons essayer de faire le point en ce qui concerne la fabrication des gazogènes.
Les progrès réalisés n'attirent sans doute pas beaucoup l'attention du profane, sauf pour ce qui a trait à la présentation d'ensemble, mais ils n'en sont pas moins très appréciables. ..
La majorité des appareils figurant au Salon comportent des générateurs avec admission d'air par « Tuyère », facilitant l'obtention d'un foyer très chaud qui favorise la formation d'un mélange riche en oxyde de carbone.
Plusieurs constructeurs reviennent à la production d'un gaz mixte, intermédiaire entre le gaz à l'eau et le gaz pauvre. Bien appliquée, cette solution permet évidemment d'envisager un enrichissement du mélange grâce à l'adjonction d'un pourcentage nettement plus élevé d'hydrogène. Permettant des reprises plus franches du moteur, elle est théoriquement excellente; reste à savoir si elle se révélera aussi bonne dans le domaine pratique.
Dans cet ordre d'idées, nous avons remarqué une tuyère très bien étudiée, comportant deux parties :
1° Un gicleur central permettant pendant les périodes de ralenti, d'entretenir un foyer très vif (gaz a l'air);
2° Un second gicleur annulaire fournissant un mélange d'air additionné de vapeur d'eau, grâce à une projection d'eau finement pulvérisée sur la paroi interne de la tuyère, ce qui présente en outre l'avantage indiscutable de refroidir celle-ci (gaz mixte).
Le rendement global serait ainsi de 10 % supérieur à celui des types ordinaires.
Toujours à propos des générateurs, il convient d'insister sur les grandes facilités que présentent maintenant de nombreux modèles pour le nettoyage de la grille « le décrassage du foyer. Détail, dira-t-on, certes, mais détail qui a son importance si l'on se souvient que l'entretien de ces organes en bon état est une condition primordiale d'un bon fonctionnement, or, quand cet entretien est difficile, on le néglige.
Il ne semble pas qu'on ait encore eu le temps de consacrer au refroidissement toute l'attention que mérite ce problème qui fait un peu figure de parent pauvre. Pourtant, on aura toujours intérêt à envoyer au moteur un gaz aussi froid et sous une dépression aussi faible que possible, ces deux conditions concourant au Blême but : obtenir un coefficient le remplissage maximum.
Cette étude devrait se faire en étroite liaison avec celle de la conception d'ensemble du châssis, rien d'étonnant donc si elle « marque le pas », puisque, jusqu'à maintenant, il s'agit presque uniquement d'adaptations sur des véhicules déjà en service.
Le filtrage et l'épuration retiennent l'attention de tous les fabricants et sont maintenant bien &u point, on s'efforce surtout d'assurer aux toiles filtrantes une longue durée de service par un montage très soigné.
Nous avons remarqué différents mélangeurs très bien conçus, un modèle à « starter » a particulièrement retenu notre attention. Le principe est le suivant : au mélangeur classique est adjoint un starter à essence permettant le départ facile du moteur à froid, l'allumage du gazogène et aussi D’effectuer de courts déplacements.
Ce montage rend inutile l'emploi d'un carburateur auxiliaire et peut, d'autre' part, être fourni avec un raccord spécial pour le branchement d'un aspirateur.
Un autre stand, non dépourvu d'intérêt, est celui des pièces détachées pour gazogènes, telles que tubes, coudes, raccords, portes de cendriers. Le Ministère de la Production Industrielle et du Travail a pris l'excellente initiative de normaliser ces différents organes, ce qui facilite beaucoup et les livraisons et les remplacements.
Enfin, le progrès le plus marquant, ou plus exactement le plus c apparent », réside dans la présentation des appareils. Leurs forme particulièrement bien étudiées permettent des montages en malle arrière sous un encombrement très réduit, mais c'est surtout la remorque « monoroue » qui est à l'honneur.
La répartition calculée du poids de la remorque, porté par sa roue et par la partie postérieure de la voiture assure à l'ensemble une excellente suspension qui ne nuit en rien au confort du véhicule.
L'attelage se fait sur un pare-choc spécial et de telle façon que l'ensemble conserve une grande souplesse, notamment dans les virages.
En dehors des voitures, il faut mentionner la présence de nombreux véhicules utilitaires : camionnettes, camions et aussi tracteurs agricoles, le Gaz des Forêts constituant pour ces derniers le carburant économique par excellence.
A ce sujet, un tracteur nous a semblé remarquablement bien étudié, générateur et refroidisseur sont logés au-dessus du moteur qui est surbaissé. Les épurateurs sont sur les ailes arrières dont ils épousent la forme, ainsi le poids supplémentaire e6t parfaitement bien réparti et ne peut modifier en rien les qualités d'adhérence indispensables au tracteur. Une seule réserve : le moteur est uniquement prévu pour la marche au Gaz: mais, au fait, cela prouve d'abord qu'il fonctionne sûrement très bien ainsi, ensuite que son constructeur a la foi dans l'avenir du Gaz des Forêts... ce n'est pas nous qui le lui reprocherons, bien au contraire. .
Nous traiterons, dans un prochain article, des fours à carboniser et des appareils domestiques pour le chauffage et la cuisine.
J. DELASXERIE
http://ouestfrance.cd-script.fr/opdf/1941/01/24/53/1941-01-24_53_02.pdf